Adri, Nico et Flo en Amazonie, Nord du Pérou

Sur les routes d´Amérique du Sud

Anciens étudiants Erasmus français à Pampelune au Nord de l´Espagne, nous nous lançons aujourd´hui sur les routes d´Amérique du sud.

Nous avons eu l´opportunité de rencontrer de nombreux étudiants sud américains lors de notre année passée à Pampelune et ce voyage représente beaucoup pour nous.
Amoureux des cultures ibériques et sud américaines, nous rêvions de pouvoir revoir nos amis sud américains. De plus, ce voyage nous enseigne la rencontre de l´autre et nous laisse parfois rêver à un autre monde d´échange et de fraternité entre les peuples.

D´abord en Argentine, nous nous rendrons ensuite au Chili, en Bolivie, puis au Pérou.

Nous remercions toutes les collectivités locales qui nous ont aidé à réaliser ce voyage (Conseil Général des Yvelines, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Conseil Général de Savoie)

Viva Sud America!

Adrien , Florian et Nico

lundi 21 juillet 2008

"Kilombo en Buenos Aires"

Quartier Belgrano à Buenos Aires

Si je devais définir Buenos Aires en un mot, ce serait “kilombo”, c´est à dire le “bordel”, un mot très fréquemment employé par les argentins. Entre chaos et diversité, la capitale argentine semble être le reflet de tout un pays : richesses, jeunesses, inégalités et désordres cohabitent dans une Argentine prometteuse qui ne parvient toujours pas à se donner les moyens de ses ambitions.

En arrivant à Buenos Aires, je remarque d´impressionantes files d´attente. Les gens de la cité attendent impatiemment leur tour pour pouvoir emprunter un “colectivo” (autobus) et rentrer enfin chez eux. En fait, le personnel du “Subte” (métro de Buenos Aires) est en grève, ce qui laisse déjà transparaître le mécontentement ambient qui touche la ville la plus peuplée du pays. Sur la grande Avenue Libertador, bus, motocyclette et voiture en tout genre, du modèle le plus ancien à la voiture la plus en vogue du moment, roulent à vive allure sur les six voies construites à cet effet.


Je prends un taxi qui me conduit dans le quartier Belgrano, à l´est de la capitale, où loge ce qu´on pourrait appeler une partie de la classe moyenne de Buenos Aires. J´y rejoinds un ami, Juan Sebastián, étudiant en droit des affaires à l´Université Austral. Nos retrouvailles sont chaleureuses. Après le déjeuner, Jean Sebastián me fait part de son inquiétude au sujet d´un projet de loi appelé “Retenciones”. Ce projet consiste à imposer les exportations des producteurs de soja. La culture du soja, rendant les terres infertiles pendant quelques temps après la récolte au dépend d´autres cultures, ne nécessitant que peu de main d´oeuvre et beaucoup de terrain, fragilise l´emploi dans le secteur agricole. Le gouvernement entend, en imposant les producteurs de soja sur l´une de leur principale source de revenu (l´exportation), diversifier l´agriculture argentine.

Cependant, cet impôt touche de la même manière petits agriculteurs et grandes entreprises agricoles. On peut donc envisager que les grands groupes agro-alimentaires, si un tel projet était adopté, pourraient se permettre de payer un tel impôt (environ 40% sur les exportations de soja), tout en continuant de réaliser des bénéfices intéressants. En revanche, on peut imaginer que les petits agriculteurs seraient automatiquement contraints d´abandonner leur culture de soja. Après avoir été approuvé par la Chambre des députés, le projet vient d´être rejeté par le Sénat. Le débat est donc relancé.
D´un point de vue plus général, en ce début de mois de juillet, de nombreuses grèves s´organisent et des “carpas” (grandes tentes où se réunissent les réfractaires au gouvernement) sont montées devant le Congrès. Certains artistes, comme Paolo Molina, participent aux manifestations en donnant des concerts gratuits. En me promenant avec Laura, une avocate, amie de Juan Sebastián, je m´arrête devant le Collège Nacional de Buenos Aires. Les élèves sont eux aussi en grève.

Ils réclament plus de sécurité au niveau des bâtiments (infiltrations d´eau, construction à rénover…) mais se plaignent surtout d´un manque d´informations quant à leurs possibilités post-collège et à l´organisation même de l´établissement. Ils luttent aussi pour que leurs professeurs bénéficient d´une plus grande stabilité au niveau de l´emploi (les enseignants possèdent des contrats à durée déterminée à très court terme).
Je prends ensuite un colectivo pour revenir dans le quartier de Belgrano. Pour payer le bus, il est impératif de se munir de pièces de monnaie, que l´on introduit dans des petites machines électriques pour imprimer son billet. Or, à Buenos Aires, les pièces sont une denrée rare. Juan Sebastián m´avait expliqué que la rareté de la monnaie était dûe à un “trafic”: certains font fondre les pièces pour en revendre le métal, du cuivre, très prisé en Argentine.
En passant devant un parc, où se trouve le Planétarium, je vois une scène. Devant, un attroupement de personnes attend. On m´explique que les Fabulosos Cadillacs, un groupe musical très prisé et reconnu des jeunes argentins, va donner un concert gratuit. Peu à peu, la foule s´amasse contre la scène. Puis, les Fabulosos déboulent dans un brouhaha indescriptible. Je me retrouve écrasé au milieu de cette masse humaine passionnée qui chante et danse sur le même rythme que ses idôles. De cette multitude, se dégage une chaleur qui monte progressivement, l´air devenant presque irrespirable. L´odeur du peuple, de l´alcool et de la marihuana m´envahissent et je me laisse emporter par cette alègresse toute latine.




Retour à Lima...

Retour à Lima...
Région de San Martin, Pérou