Adri, Nico et Flo en Amazonie, Nord du Pérou

Sur les routes d´Amérique du Sud

Anciens étudiants Erasmus français à Pampelune au Nord de l´Espagne, nous nous lançons aujourd´hui sur les routes d´Amérique du sud.

Nous avons eu l´opportunité de rencontrer de nombreux étudiants sud américains lors de notre année passée à Pampelune et ce voyage représente beaucoup pour nous.
Amoureux des cultures ibériques et sud américaines, nous rêvions de pouvoir revoir nos amis sud américains. De plus, ce voyage nous enseigne la rencontre de l´autre et nous laisse parfois rêver à un autre monde d´échange et de fraternité entre les peuples.

D´abord en Argentine, nous nous rendrons ensuite au Chili, en Bolivie, puis au Pérou.

Nous remercions toutes les collectivités locales qui nous ont aidé à réaliser ce voyage (Conseil Général des Yvelines, Ministère de la Jeunesse et des Sports, Conseil Général de Savoie)

Viva Sud America!

Adrien , Florian et Nico

mardi 23 septembre 2008

Pérou : Quelques jours avec une ONG en Amazonie

Lors de notre voyage au Pérou, nous avons passé nos derniers jours à Tarapoto, une petite ville tropicale située en Amazonie, dans le nord du pays. Là-bas, nous avons eu l’opportunité de pouvoir observer le travail d’une ONG qui lutte chaque jour pour aider les nombreux « campesinos », paysans, qui travaillent à Tarapoto et aux alentours, dans la région de San Martin. Cependant, avant de rentrer plus dans les détails de cette expédition en Amazonie, il me paraît opportun de rappeler les conditions dans lesquelles nous sommes arrivés là-bas et comment nous avons pu rentrer en contact avec cette ONG. En fait, dès le début de notre road-trip en Amérique du Sud, Nicolas nous avait parlé d’une connaissance de son père, un curé, qui travaillait au Pérou dans la jungle avec les paysans de la région. A vrai dire, nous n’en savions pas plus : ni où exactement, ni vraiment en quoi consistait le travail de ce mystérieux curé. Mais curieux de nature, l’idée de faire un reportage et de passer quelques jours avec des autochtones dans la jungle amazonienne nous a tout de suite intéressé. Une occasion unique et originale se présentait à nous : celle de se pencher sur un thème social tout en vivant et côtoyant une partie de cette population d’Amazonie, loin des touristes, proche de la réalité.

C’est à Cuzco, l’ancienne capitale inca autrefois entièrement couverte d’or, que tout a commencé. Nous avons appelé Roberto Lay Ruiz apprenant qu’il travaillait en réalité dans une ONG à Tarapoto dans le nord, et qu’il n’était d’ailleurs plus curé depuis des années. Sans hésiter, celui-ci nous a tout de suite invité à passer quelques jours au sein de l’ONG. En regardant la carte du Pérou pour situer Tarapoto, nous nous sommes rendus compte que cette ville était située à au moins deux jours de bus de Cuzco, en pleine Amazonie. Cela nous a d’autant plus motivés et nous y sommes arrivés après plus de 30 heures de bus depuis Lima, où nous nous étions arrêtés un jour.
En arrivant à Tarapoto, c’est une chaleur étouffante et tropicale qui nous accueille. Encore engourdis par le long voyage, nous découvrons vite une ville atypique : les rues, parfois goudronnées dans le centre, beaucoup plus souvent en terre, sont remplies de « moto-taxi » ou « pousse-pousse », ce qui me fait penser à l’Asie. Ici, il n’y a pas de voitures, ou quasiment pas. Il règne une atmosphère très particulière et agréable. Un taxi-moto nous conduit jusqu’au locaux de l’ONG. Roberto Lay Ruiz, un homme d’une cinquantaine d’années, nous accueille chaleureusement. Tout en nous montrant les locaux et la chambre dans laquelle nous allons loger, il nous décrit brièvement la fonctionnement et la mission de l’ONG : IDPA « Instituto para el Desarrollo y la Paz Amazonica », (l’institut pour le développement et la paix amazonienne) existe depuis le 23 mars 1993, date de sa création. IDPA naît à Tarapoto appliquant une stratégie d’appui, d’assistance aux familles déplacées à cause de la guerre liée au narcotrafic qui sévit alors dans la région. Depuis cette guerre, qui a marqué cette partie d’Amazonie, la culture de la coca est d’ailleurs interdite. IDPA est donc née dans ce contexte particulier et a continué dans le même sens les années suivantes en impulsant une stratégie de « Reconstruction du tissu social détruit par la guerre narcoterroriste », en regroupant 25 quartiers de Tarapoto. A partir de 2000, IDPA oriente principalement son action vers le développement d’une production agricole équitable et durable. Depuis lors, et particulièrement depuis 2005, l’ONG travaille avec des familles de paysans organisées et regroupées, expérimentant avec celles-ci des expériences de développement, d’attribution de crédits et de diversification agricole, leur permettant d’accéder plus facilement aux marchés.

Afin de voir concrètement le travail de l’ONG sur le terrain, Roberto nous propose de partir tôt dès le lendemain avec James, un membre de l’ONG que nous ne connaissons pas encore, pour aller à Chazuta, petit village situé à 42 km de Tarapoto, dans une zone rurale agricole des plus pauvre du pays. Dans le 4x4 qui nous y amène, nous posons des questions à James par rapport à l’action concrète de l’ONG sur le terrain, qui reste encore floue pour nous. Tout d’abord, celui-ci se présente : il s’appelle James Boond Vélasquez, nom original choisi par ses parents aficionados de l’agent secret anglais. James Boond est aujourd’hui trésorier de l’ONG, il a été l’un de ses fondateurs, assurant sa présidence pendant 4 ans. En fait, James est l’interlocuteur parfait pour nous parler de l’ONG et de son travail, en plus d’être sympathique et accessible. Sur le chemin pour aller à Chazuta, nous roulons sur des petites pistes en terres bordées d’immenses arbres, croisant des paysans, machettes à la main, qui portent leurs récoltes sur leur dos. Nous prenons en stop une famille se rendant à Chazuta qui pour nous remercier nous offrent des petits poissons qu’ils viennent de pêcher dans le fleuve bordant la route. Ici, le troc fonctionne encore très bien. James nous explique que l’ONG a quatre missions principales actuellement : elle aide les petits producteurs à diversifier leur production (conseils techniques, aides matérielles), tout en leur faisant bénéficier de micro crédits. De plus, elle organise et gère leur production, ainsi que la commercialisation de leurs produits. Enfin, l’ONG poursuit un travail de formation et d’aide aux femmes dans des ateliers et des centres pilotes spécialisés.

Cependant, nous ne savons toujours pas comment se finance l’ONG. James nous explique que les principaux fonds d’ IDPA ont pour origine des organismes publics d’Asturies, en Espagne, comme la mairie de Gijon ou d’Oviedo par exemple. Ceux-ci allouent un budget précis pour un projet déterminé, qui s’étend sur plusieurs années. Aujourd’hui, le projet principal d’IDPA qui existe depuis 10 ans se termine. Il a permit la construction de plusieurs centres et ateliers, ainsi que l’apport d’aide matérielle et l’attribution de micro-crédits destinés à favoriser l’investissement pour les paysans. Ce système de micro-crédits permet d’ailleurs aussi à l’ONG de se financer. Actuellement, IDPA travaille en coopération avec l’association APOCH, « Associacion de Productores Organicos de Chazuta », dont nous rencontrons le président, Juan Benito Sandoval Iskuiza, une fois arrivés à Chazuta. Ce petit village perdu dans l’Amazonie regroupe 2000 personnes, principalement des petits producteurs qui possèdent des terrains aux alentours. James et Benito nous invitent à déjeuner dans une petite maison d’un habitant où nous dégustons les poissons offerts sur la route dans une ambiance chaleureuse. Benito nous explique que l’association APOCH existe depuis bientôt trois ans et regroupe quarante personnes, totalisant en tout une trentaine d’hectares.

Après le déjeuner, Benito et James nous proposent d’aller dans la jungle visiter les parcelles de certains membres de l’association. La chaleur est étouffante, et nous luttons pour marcher car nous ne sommes pas habitués. En voyant la rivière qui borde le chemin, l’envie de nous baigner nous démange. Nous faisons une halte pour profiter de l’eau fraîche puis nous nous dirigeons vers la maison de Benito, qui nous explique qu’ici se cultivent principalement des bananes, papayes et ananas. Il ajoute que depuis 2002 et grâce à IDPA c’est la culture du cacao qui est en plein boom. Son terrain en est rempli, comprenant plusieurs variétés différentes. En nous montrant ses plants, il nous explique que le cacao est très rentable car il se récolte tout les mois et se vend bien. Il nous montre également une plante nommée Sacha Inchi, encore inconnue au niveau international, qui sert à faire de l’huile possédant de nombreuses vertus thérapeutiques. Les producteurs de la région semblent d’ailleurs nourrir beaucoup d’espoirs sur cette « nouvelle » plante. Le reste de la journée, nous visitons les parcelles et sommes très bien accueillis par les familles, qui vivent dans des petites huttes en paille, perdues dans la jungle. Maximo, un membre de l’assos, dont nous avons visité la parcelle, a neuf enfants…Toute la famille vit et dort sur un seul plancher. On se rend compte de la pauvreté de ces gens, qui vivent dans des conditions difficiles.

Nous allons ensuite dans un « centro piloto » (l’ONG en possède deux, dont un qui comprend des dortoirs et des salles de réunions). James nous explique que ce centre est en fait un lieu d’expérimentation, quelques hectares où ils testent différentes plantes, par rapport aux types de terrains et aux particularités de la terre. C’est ici qu’ils ont découvert que le cacao s’adaptait bien au climat et à la terre par exemple. De nombreuses plantes poussent ici, dont il est difficile de retenir tous les noms…

En fin d’après midi, Benito nous invite à assister à une réunion de l’association. Une dizaine de membre de l’assos sont là et chacun se présente. De notre côté, nous expliquons le but de notre reportage, pourquoi et comment nous sommes arrivés ici. Aujourd’hui, les objectifs de APOCH sont de réunir un nombre important de producteurs afin d’avoir plus d’hectares, de production et de facilités pour exporter. En effet, individuellement, il est difficile de vendre et d’exporter sa production, à part sur les marchés locaux de Chazuta ou de Tarapoto. En se regroupant, les producteurs peuvent diversifier leurs productions dans une quantité beaucoup plus importante et peuvent fixer des prix plus intéressants. L’objectif numéro un est donc de fonder une coopérative (ils ont besoin de regrouper environ 100 hectares, soit environ 200 tonnes de cacao) et pour cela il faut convaincre les paysans de se joindre à l’assos, chose auparavant difficile mais les mentalités commencent à évoluer. D’ailleurs, Benito nous explique que beaucoup d’associations ont échoué ici, par manque d’organisation et d’adaptation au contexte actuel.

Un autre thème important est celui de la certification de leur production, qui leur permettrait d’exporter et de vendre plus facilement. Cette certification coûte chère (plus de 5000 dollars) et le statut de coopérative leur donnerait la possibilité d’obtenir des subventions, en plus de légitimer l’association et son fonctionnement. Ils espèrent ainsi exporter le cacao d’ici quelques années jusqu’à Lima. La réunion est sincère, les visages graves et concentrés. Nous sentons évidemment l’espoir qui naît en eux, car rares sont les européens qui arrivent ici pour s’intéresser à l’ONG et à l’association. Nous avons envie de les aider, mais comment ? Nous ne leur promettons rien, ce serait prétentieux de notre part, mais nous les soutenons. Nous pouvons essayer de faire connaître l’ONG et l’association autour de nous, et pourquoi pas essayer de rentrer en contact avec des ONG françaises, qui pourront peut être les aider. Une telle expérience, un tel voyage ne laissent en tout cas pas indifférent. Côtoyer ces gens, vivre avec eux, c’est aussi apprendre sur nous même et sur le monde qui nous entoure.








jeudi 28 août 2008

Chili : Portrait de mapuches

Vers février ou mars dernier, alors que je survolais Le Monde.fr, j’ai lu que des affrontements opposaient les forces de l’ordre à des indiens mapuches. Ces troubles sociaux survenaient à la suite de la mort de deux indiens, tués par la police. L’impression que j’en ai eu, qui se confirmera plus tard, a été celle d’un fort et durable conflit entre l’Etat et cette ethnie minoritaire et marginale. J’ai alors pensé que ce thème ferait l’objet d’un bon reportage et c’est ainsi que nous avons décidé de nous intéresser à cette communauté, par ailleurs méconnue en France.
Toutefois, la faute à une mauvaise préparation, nous ne savions rien des mapuches en arrivant au Chili le 22 juillet. C’est grâce à Massiel, une amie chilienne que nous avons revu un soir de fête à Santiago, que nous avons commencé à y voir plus clair dans l’organisation de nos recherches. En apprenant l’objet de notre étude, elle nous a mis en relation avec sa cousine Marcela, assistante sociale à Temuco (capitale de la 9ème région où vivent les mapuches). Nous sommes ainsi partis pour cette ville du sud du pays aux alentours du 27 juillet. En arrivant à la gare tôt le matin, nous avons vite découvert l’inhospitalité des lieux. Le climat y est froid et pluvieux et la ville, grise, m’a fait penser à un bled de Sibérie! Par soucis d’économie nous avons loué une chambre dans l’auberge la moins chère, mais aussi la plus miteuse du centre. Il n’y avait pas d’eau chaude et pas de chauffage et nous avons dû dormir habillés toutes les nuits.
Cependant nous avons relativisé ces conditions précaires et nous nous sommes vite concentrés sur notre objectif : les mapuches. Avec l’aide affable de Marcela et de sa copine Caro nous nous sommes rendus dans un village indigène appelé Chol-Chol, afin de récolter des informations sur la culture mapuche. Dans les même temps, Marcela nous a mis en contact avec une de ses collègues (Gabriela) travaillant dans un autre village mapuche, Nueva Imperial.



Notre but principal était d’analyser la situation sociopolitique des mapuches au sein de l’Etat chilien. Grâce aux relations de cette belle assistante sociale d’origine mapuche, nous sommes parvenus à fixer trois entretiens avec des personnalités de cette communauté, dirigeantes d’organisations. Néanmoins, pour mieux comprendre la réalité sociale actuelle de ce peuple, il est primordial de rappeler son histoire en quelques lignes.


Le peuple mapuche représente la grande majorité de ceux que l’on appel au Chili “los nativos” ou “originarios”, c’est à dire les indigènes originaires de cette région (par opposition aux chiliens descendants de colons espagnols). Leur emplacement historique et naturel est situé au “centre-sud” du pays. En discutant avec plusieurs chiliens nous nous sommes rendus compte que les mapuches jouissent d’une véritable réputation de durs à cuire. Leur histoire en est effectivement la preuve: ils ont successivement résisté avec force et succès aux invasions incas et espagnoles. Caupolican, Lautaro ou Gervarino sont autant de guerriers célèbres ayant combattu les conquistadors.
Ce peuple historique se caractérise cependant par son comportement naturellement pacifique. Les mapuches (hommes de la terre en langage mapudungun) ont, comme leur nom l’indique, un rapport très étroit et indissociable à la terre. Tout au long de leur existence, ils se sont consacrés à l’agriculture et à l’élevage du bétail. Le drame des mapuches est paradoxalement survenu au moment de l’indépendance du Chili. Les nouveaux gouvernements qui se sont émancipés de la domination espagnole en 1818 ont entrepris une politique d’expansion territoriale afin d’étendre les frontières du tout récent Chili. C’est de cette façon qu’à partir de 1883, l’Etat est parvenu à exproprier les terres naturelles des indiens mapuches, ne leur laissant que 5% du total de départ pour vivre et travailler (passant à contrôler 10 millions d’hectares à environ 500.000). Cette victoire militaire de l’Etat sur les mapuches qui fût appelée Pacificación en Auracania marqua le début de la marginalisation de ce peuple et du bafouement de ses droits.

Certaines de ses terres furent même distribuées à des colons européens. Les mapuches ont alors été répartis en communautés auxquelles correspondaient de petits terrains. C’est ainsi que se sont progressivement créées des organisations partageant l’idée de récupération des territoires dans le but de préserver la culture de ces hommes de la terre. Aujourd’hui on dénombre environ 600.000 mapuches (selon un recensement de 2002). Cependant les même indigènes assurent qu’ils sont bien plus. Les différentes rencontres et observations que nous avons faîtes dans les alentours de Temuco nous ont démontré que l’ethnie mapuche est très identifiée et attachée à son peuple et à sa culture. La preuve en est qu’il existe aujourd’hui un très grand nombre d’organisations militantes à caractère social ou culturel.

Les femmes que nous avons rencontrées témoignent de cet engagement. Nous nous sommes tout d’abord entretenus avec Fresia Lienqueo, dirigeante du Comité de agua potable rural el Peral. Aidée d’une centaine d’associés et de subventions publiques, cette organisation proportionne de l’eau potable à un peu plus de 500 riverains. Nous avons ensuite discuté avec Rosita, présidente d’une association indigène urbaine Debout mon frère (Mitrañe Lamien en mapudungun) dont l’objectif est de préserver la culture mapuche et d’offrir du soutien social. Enfin, Sofia Lincoqeo nous a parlé de l’organisation qu’elle dirige, dont le but est l’émancipation intégrale de la femme.

Sur le thème incontournable des terres, les 3 personnalités se rejoignent. Selon elles, ce processus a divisé la communauté en attribuant à ses membres des petites parcelles de terrains mal situées ; mais le problème viendrait surtout du fait que beaucoup de terres sont de mauvaises qualités, usées notamment par la culture de l’eucalyptus (subventionnée par l’Etat) et l’exploitation des compagnies forestières privées. Même si ce fût un sujet politique lors des dernières élections, la récupération des terres usurpées est plus un rêve qu’une réalité et les promesses des politiques ne sont jamais réellement appliquées (comme souvent et partout dans le monde). C’est comme pour effacer sa culpabilité que l’Etat a mis en place une subvention, la beca indígena, destinée à l’éducation des jeunes (cette subvention ne semble souvent pas bien perçue par les chiliens « non mapuches »). Cette “dette historique” est contrôlée par l’Etat et non par la Conadi (organisme représentatif des indigènes du pays) comme le regrette Rosita. Ce conseil sensé représenter “los originarios” et défendre les droits de cette minorité est cependant très critiqué par les mapuches eux mêmes. D’après Fresia et Sofia, la Conadi est effectivement un instrument bureaucratique plus ou moins manipulé par l’Etat. Peu à peu, ses membres se seraient accommodés à leur situation et éloignés de la base et des organisations militantes mapuches.
Ce manque de confiance et d’identification à l’égard de l’instance représentative indigène est une des explications de l’existence de petits groupes d’activistes qui utilisent la violence comme mode de contestation. Ces actions qui concernent souvent des jeunes se déroulent en grande partie dans le nord de la région (le sud est plus pacifique) et peuvent se caractériser par des incendies de bus ou des batailles de rue avec la police chilienne. Même si elle comprend leur frustration et les défend comme ses frères, Rosita insiste sur l’importance de l’action pacifique, de la communication afin de se faire entendre.


Néanmoins, il semble clair que la défense des droits et de la culture mapuche passe par une meilleure représentation politique, beaucoup de militants s’accordent sur la nécessité d’un leader qui puisse parler d’une seule voix au nom du peuple, Rosita exprime d’ailleurs son souhait d’un représentant mapuche au congrès national, qui serait élu par la communauté elle-même. D’après Rosita, les mapuches devraient intégrer les instantes politiques locales et nationales s’ils veulent faire valoir leurs droits.

C’est également ce que nous a dit Ambrosio Coñoman, candidat à un poste d’adjoint à la mairie de Chol-Chol. Nous l’avons rencontré le lendemain de nos entretiens avec les 3 dirigeantes mapuches. Ce jour là nous avons en effet été invité à boire le mate, un thé local, dans la ruka (maison typique des indiens) de ce spécialiste de la culture mapuche. Autours d’un feu aux senteurs d’eucalyptus, nous avons ainsi pu écouter attentivement ses explications éclairées.

Il existe d’ores et déjà des dirigeants politiques mapuches au niveau local tel que le maire de Temuco ou le gouverneur de la province nord de la 9ème région. Toutefois il reste beaucoup à faire, notamment quant à la représentativité des mapuches au niveau national et international. Aujourd’hui le ce peuple a l’opportunité de préserver sa culture. Il doit pour ce faire augmenter sa participation dans la société, tout en se méfiant des partis politiques qui tendent à le diviser. N’oublions pas que le peuple mapuche représente ce qu’il y a d’originaire et d’historiquement naturel au Chili et il est très important qu’il ne s’éteigne pas peu à peu comme les indiens d’Amérique du nord ou d’autres ethnies… S’ils parviennent à s’unir et à adopter une stratégie constructive, les mapuches ont toutes leurs chances de perdurer et de défendre les droits de leur peuple pour peut-être, un jour, accéder à un processus logique d’autodétermination.


mercredi 30 juillet 2008

Argentine : impressions

A Buenos Aires, Juan Sebastián nous avait présenté Laura, une femme de 35 ans aux allures de jeune fille, diplomée en droit et aujourd´hui avocate. Laura fait partie de ces personnes qui débordent de culture. Passionnée par la lecture et peintre à ses heures, Laura nous fìt visiter Buenos Aires et nous offrit le couvert à de nombreuses reprises dans son appartement qu´elle partage avec sa mère, Delia. Laura est une femme indépendante qui a déjà voyagé dans de nombreux pays en Europe. Elle représente bien cette nouvelle génération argentine qui rêve de changement, d´autonomie et de liberté. Quand elle nous a proposé de nous accompagner dans notre voyage au nord de l´Argentine, se fût évidemment avec joie que nous avons accepté. La mère de Laura, Délia, a 75 ans. Toutes les deux vivent dans un petit appartement modeste du quartier de Belgrano. Délia est un petit bout de femme attachant, toujours prête à vous préparer un bon repas à n´importe quelle heure de la journée. Délia est aussi une de ces personnes qui considère qu´elle vivait bien pendant le régime militaire des années 70. Propriétaire avec son mari d´un commerce de chaussures à Buenos Aires, Délia pu vivre correctement et dignement durant cette période qu´elle considère comme relativement stable. Quand fût établie la démocratie le 10 décembre 1983 avec l´élection de Raul Alfonsin, les citoyens argentins nourrirent alors de nombreux espoirs.

Cependant, les années 1980 furent en Argentine une décénnie d´hyper-inflation, notamment vers 1989. Les commerçants se trouvèrent alors en situation délicate, tout comme le reste de la population des classes pauvres et moyennes. Avec la mort de son mari, ce fût un moment difficile à passer pour Délia. Quand elle nous en parle, ses yeux sont vides et tristes. Puis, dans les années 1990, avec l´élection de Menem, la situation ne s´améliora pas. Malgré une baisse significative de l´inflation, Menem est connu pour être l´un des présidents les plus corrompu que l´Argentine ait jamais connu. De plus, du fait de la mise en place d´une politique extrêmement libérale, le pays se trouva alors exposé aux crises internationales et au chômage de masse. Le président suivant (Fernando de la Rua) ne parvînt quant à lui pas à éviter la tristement célèbre crise argentine de 2001. Sous la présidence de Nestor Kirshner, les choses se sont ensuite améliorées. Pourtant, les argentins continuent d´accuser leurs dirigeants de corruption. En 2007, avec l´élection au poste de Président de Cristina Kirshner, la femme de Nestor, quelques uns, et en particulier Laura, y ont vu une manipulation politique. En effet, la Constitution argentine limite à 2 fois le renouvellement du mandat présidentiel (un mandat = 4ans). Profitant de la popularité de sa femme, on peut penser que Nestor, qui était au plus bas dans les sondages à la fin de son mandat, se représentera sans doute en 2011. De plus, aujourd´hui à la tête du parti majoritaire et mari de la présidente, l´ex président continue d´influer sur la vie politique argentine d´une manière importante. L´Argentine se retrouve donc aujourd´hui avec une sorte de "présidence à deux têtes". Je n´ai eu en Argentine qu´une seule fois la possibilité de voir une conférence de presse donnée par Nestor Kirshner. Je ne me permettrais pas de juger sa politique. Je revois Délia lancer des grands “hijo de puta” à chaque réponse donnée par le président. Victime de montée soudaine de tension, elle demande alors à sa fille d´aller lui chercher son tensiomètre. Laura, en bonne petite infirmière, lui prend la tension: 17. La scène me parut d´abord comique puis très vite, triste. Pendant que certains prononcent des discours en souriant, d´autres personnes plus modestes souffrent.

Après un dernier repas partagé avec Délia, nous nous lançons avec Laura dans les rues de Buenos Aires à la recherche d´un taxi. Derniers préparatifs et repas précipités, nous sommes évidemment en retard et disposons d´environ 30 minutes pour traverser une bonne partie de Buenos Aires et prendre un bus qui nous conduira à Cordoba, où nous devons rejoindre Gaston, un ami argentin rencontré à Pampelune. Un taxi s´arrête. Laura lui explique brièvement la situation. Le grand chauffeur moustachu acquiesse tranquilement: “sin problema”, ne semblant pas être effrayé par la difficulté de la tâche. Nous nous lançons alors dans une course effreinée: slaloms entre les voitures et grillages de feux rouges en bonne et due forme, le tout à une vitesse folle. A l´intérieur du taxi, nous gloussons tous d´ un rire haut perché situé entre l´excitation de ce raid incensé et la peur toute naturelle d´un éventuel accident. Cela semble d´ailleurs motiver encore plus notre chauffeur, qui en l´espace de 10 petites minutes a déjà dû enfreindre la moitié des règles du code la route. Il se permet même de doubler une voiture de police en disant, ironique: “Despacito cuando hay la policia” (“Doucement quand il y a la police”). Finalement, nous arrivons à la station de bus presque 10 minutes en avance et prenons “tranquilement” notre bus pour Cordoba. Il est minuit…

lundi 28 juillet 2008

Quartier de la Boca

Le 11 Juillet, nous sommes allés dans le quartier de la Boca à Buenos Aires। Laura, qui nous guide et nous accompagne tout au long de notre périple argentin, nous explique que ce quartier fut fondé par des immigrés italiens venus de Genova, au début du 19ème siècle. C´est un quartier à la fois populaire et touristique. Cependant, avant d´y aller, nous prenons le strict minimun car ce quartier a la réputation d´être un peu “chaud”. La veille, lorsque nous avions voulu nous y rendre, il était d´ailleurs fermé.

Nous montons dans un fameux “Colectivo” (les bus de Buenos Aires) qui se faufile entre les voitures, dans le “kilombo de Buenos Aires”, où les règles du code de la route ressemblent plus à celles de la jungle। Lorsque le bus nous dépose, nous sommes au coeur de la Boca. L´atmosphère y est tout de suite différente, on sent que c´est un quartier populaire et plus pauvre. Nous arrivons au “Caminito”, nom de la rue la plus connue de la Boca et centre de la zone touristique. Les rues sont bordées de maison très colorées : bleu, jaune, rouge, vert…Ce sont les maisons des premiers immigrés italiens venus s´installer ici. Il y a aussi beaucoup de petits restaurants typiques et de boutiques qui vendent des écharpes ou des maillots à l´effigie de la fameuse équipe de foot de “Boca Juniors”, où a joué Maradonna, “El pibe de Oro”. Les rues sont remplies de peintres qui vendent leurs tableaux, et de danseurs de tango…

C´est vraiment un quartier atypique, représentatif de la culture argentine, ou du moins de ce qu´elle symbolise dans le monde, le football et le tango, principalement। D´ailleurs nous venons de croiser un sosie de Maradonna (vraiment très ressemblant!) qui nous demande 10 pesos pour prendre une photo avec lui। Puis, un rabatteur, cheveux longs, lunettes de soleil et petite barbe, style professeur de snow, nous conseille quelques endroits sympas à visiter। Dans ce décor très coloré, une ambiance latino-argentine nous envahit। En me balladant, j´aperçois dans une rue un couple qui danse le tango. Des murs sont peints en l’honneur de la “Republica de la Boca” ou de “Boca Juniors”.On sent que les habitants sont fiers de leur quartier et de leur équipe.

Lorsque nous sortons du “Caminito”, le contraste est frappant : à la Boca, il y a la zone touristique, avec ses belles maisons, ses restaurants et touristes ; au-delà, c´est la réalité d´un quartier pauvre qui prend le dessus, avec ses maisons délabrées, ses rues sales et mal entrenues. Nous déjeunons dans un petit restaurant familial, style italien, qui me fait d´ailleurs penser à ce genre d´endroits où se réunissent les mafieux. Le décor est très sympa et les murs sont couverts de photos de joueurs de Boca Juniors ou de danseurs de tango. Le patron du restaurant, un homme robuste à la moustache fournie, prend notre commande avec une attention toute particulière et nous conseille, en insistant, un vin argentin. Dans cette ambiance chaleureuse au parfum italo-argentin, auquel s’ajoute un zeste de football et de tango, nous dégustons un bon repas. Tout d’un coup, le rabatteur que nous avions croisé dans la rue rentre dans le restaurant, se dirige vers la cuisine, commence à servir des plats et à faire la vaisselle. Nous rions en le voyant, lui qui était il y a quelques minutes dans la rue, habillé comme un moniteur de snow s´occupe maintenant du restaurant et des clients, dans un style tout particulier. Dans le quartier, il semble que tout le monde se connaisse, l’ambiance est familiale. Soudain, un couple, élancés et élégants, entre dans le restaurant et commence à danser le tango. C’est impressionant et beau à la fois à regarder. Coiffés d’un chapeau, nous prenons chacun une photo avec eux, adoptant une pose de danseurs…Nous rentrons la tête remplies de souvenirs, sur un fond musical de tango…

lundi 21 juillet 2008

"Kilombo en Buenos Aires"

Quartier Belgrano à Buenos Aires

Si je devais définir Buenos Aires en un mot, ce serait “kilombo”, c´est à dire le “bordel”, un mot très fréquemment employé par les argentins. Entre chaos et diversité, la capitale argentine semble être le reflet de tout un pays : richesses, jeunesses, inégalités et désordres cohabitent dans une Argentine prometteuse qui ne parvient toujours pas à se donner les moyens de ses ambitions.

En arrivant à Buenos Aires, je remarque d´impressionantes files d´attente. Les gens de la cité attendent impatiemment leur tour pour pouvoir emprunter un “colectivo” (autobus) et rentrer enfin chez eux. En fait, le personnel du “Subte” (métro de Buenos Aires) est en grève, ce qui laisse déjà transparaître le mécontentement ambient qui touche la ville la plus peuplée du pays. Sur la grande Avenue Libertador, bus, motocyclette et voiture en tout genre, du modèle le plus ancien à la voiture la plus en vogue du moment, roulent à vive allure sur les six voies construites à cet effet.


Je prends un taxi qui me conduit dans le quartier Belgrano, à l´est de la capitale, où loge ce qu´on pourrait appeler une partie de la classe moyenne de Buenos Aires. J´y rejoinds un ami, Juan Sebastián, étudiant en droit des affaires à l´Université Austral. Nos retrouvailles sont chaleureuses. Après le déjeuner, Jean Sebastián me fait part de son inquiétude au sujet d´un projet de loi appelé “Retenciones”. Ce projet consiste à imposer les exportations des producteurs de soja. La culture du soja, rendant les terres infertiles pendant quelques temps après la récolte au dépend d´autres cultures, ne nécessitant que peu de main d´oeuvre et beaucoup de terrain, fragilise l´emploi dans le secteur agricole. Le gouvernement entend, en imposant les producteurs de soja sur l´une de leur principale source de revenu (l´exportation), diversifier l´agriculture argentine.

Cependant, cet impôt touche de la même manière petits agriculteurs et grandes entreprises agricoles. On peut donc envisager que les grands groupes agro-alimentaires, si un tel projet était adopté, pourraient se permettre de payer un tel impôt (environ 40% sur les exportations de soja), tout en continuant de réaliser des bénéfices intéressants. En revanche, on peut imaginer que les petits agriculteurs seraient automatiquement contraints d´abandonner leur culture de soja. Après avoir été approuvé par la Chambre des députés, le projet vient d´être rejeté par le Sénat. Le débat est donc relancé.
D´un point de vue plus général, en ce début de mois de juillet, de nombreuses grèves s´organisent et des “carpas” (grandes tentes où se réunissent les réfractaires au gouvernement) sont montées devant le Congrès. Certains artistes, comme Paolo Molina, participent aux manifestations en donnant des concerts gratuits. En me promenant avec Laura, une avocate, amie de Juan Sebastián, je m´arrête devant le Collège Nacional de Buenos Aires. Les élèves sont eux aussi en grève.

Ils réclament plus de sécurité au niveau des bâtiments (infiltrations d´eau, construction à rénover…) mais se plaignent surtout d´un manque d´informations quant à leurs possibilités post-collège et à l´organisation même de l´établissement. Ils luttent aussi pour que leurs professeurs bénéficient d´une plus grande stabilité au niveau de l´emploi (les enseignants possèdent des contrats à durée déterminée à très court terme).
Je prends ensuite un colectivo pour revenir dans le quartier de Belgrano. Pour payer le bus, il est impératif de se munir de pièces de monnaie, que l´on introduit dans des petites machines électriques pour imprimer son billet. Or, à Buenos Aires, les pièces sont une denrée rare. Juan Sebastián m´avait expliqué que la rareté de la monnaie était dûe à un “trafic”: certains font fondre les pièces pour en revendre le métal, du cuivre, très prisé en Argentine.
En passant devant un parc, où se trouve le Planétarium, je vois une scène. Devant, un attroupement de personnes attend. On m´explique que les Fabulosos Cadillacs, un groupe musical très prisé et reconnu des jeunes argentins, va donner un concert gratuit. Peu à peu, la foule s´amasse contre la scène. Puis, les Fabulosos déboulent dans un brouhaha indescriptible. Je me retrouve écrasé au milieu de cette masse humaine passionnée qui chante et danse sur le même rythme que ses idôles. De cette multitude, se dégage une chaleur qui monte progressivement, l´air devenant presque irrespirable. L´odeur du peuple, de l´alcool et de la marihuana m´envahissent et je me laisse emporter par cette alègresse toute latine.




vendredi 18 juillet 2008

Entretien avec une des “Mères de la Place de Mai”

A 16 heures, nous avons rendez-vous avec Mirta Baravalle, une des cofondarices du mouvement “Madres de la Plaza de Mayo”. Ce groupe de femmes octogénaires se bat depuis 30 ans pour, comme le dit sa devise, rétablir la “memoria, la verdad y la justicia” au sujet de la disparition de leurs enfants.

Faisons un bref rappel de cette période trouble de l´histoire argentine : pendant la dictature militaire (1976-1983), environ 30.000 opposants au régime auraient été enlevés, torturés puis assassinés par la junte. L´écrasante majorité des corps n´a jamais été retrouvée et l´Etat a toujours refusé de délivrer des informations aux familles et au peuple. Aujourd´hui, ces “grands-mères” peuvent presque se satisfaire d´avoir rétabli la mémoire et la vérité, mais la lenteur de la justice quant à la condamnation des reponsables les oblige à ne rien lâcher.

Comme prévu nous nous rendons donc au local des “madres” afin d´y rencontrer Mirta. Nous l´attendons quelques minutes dans la salle où sont affichées des centaines de photos des disparus. Elle arrive enfin, souriante et pimpante, et vient à notre rencontre. Malgré son âge avancé elle dégage un charme et une élégance surprenante ; elle reste néanmoins d´une grande simplicité lorsqu´elle nous aborde. Nous discutons brièvement et je lui réexplique l´objet de notre entretien.


Je lui parle également de la façon dont nous allons l´interwiever. Elle acquiesce et semble confiante et décontracter, comme si elle avait déjà une grande habitude de ce genre de situation.

Nous nous asseyons autour de la table, je me charge de l´interviewer pendant que Flo filme et qu´Adri prend les photos. Elle commence par se présenter, mais insiste rapidement sur l´histoire de sa fille, Ana Maria, dont elle porte la photo acrochée autour du coup. Ana Maria fût enlevée par les militaires en 1977 alors qu´elle avait 20 ans. Mirta nous dit que sa fille n´était pas une subversive, une terroriste comme l´Etat qualifiait les opposants et comme certains continuent encore aujourd´hui de les appeler. Elle était une militante de gauche, progressiste, qui rêvait d´une société meilleure.

Mirta nous raconte alors comment sa fille fût brutalement enlevée avec son compagnon et insiste sur le total mystère de sa disparition, sur l´impossibilité de savoir ce qu´il était advenu d´elle. Dans cette angoisse elle décida de se rendre directement au siège du gouvernement, sur la “Plaza de Mayo”, pour interpeller les militaires et obtenir des informations. Là-bas elle trouva d´autres mères dans la même situation. Face au mutisme et aux mensonges des autorités, ces femmes se réunirent et commencèrent à manifester en silence autour de la “Plaza de Mayo”, pour protester et se faire entendre. Ainsi naquit spontanément le mouvement qui allait porter le nom de cette fameuse place. Depuis lors, tous les jeudi, Mirta et les autres “madres” coiffées d´un foulard blanc marqué du nom de leur enfant, réalisent cette marche pacifique mais non moins militante.

S´il y a une chose sur laquelle cette petite femme a insisté c´est bien sur la lâcheté des dirigeants. D´abord, celle des militaires bien sûr, parce qu´ils combattirent les idées des opposants avec des fusils et qu´ils les éliminèrent brutalement, sans laisser de traces. Puis elle souligne également la lâcheté et la complicité des gouvernements démocratiques qui succedèrent à la dictature. Grâce à plusieurs lois, beaucoup de bourreaux furent amnistiés ou purgèrent leurs peines à domicile (pour les plus de 70 ans). Globalement, les gouvernements et la justice ont toujours témoignés d´un manque de volonté concernant la poursuite des responsables. Pour Mirta, cela s´explique par une complicité évidente des autorités à l´égard des militaires.

Aujourd´hui les “madres” divisent l´opinion publique. Beaucoup d´argentins soutiennent leur cause mais une autre partie du pays continue à qualifier les disparus de terroristes ou à penser que ce mouvement est coupable d´opposer les argentins, alors que plus de 30 ans ont déjà passés. Certains disent aussi que le chiffre de 30.000 disparus est très surévalué.

De mon point de vue d´observateur extérieur, je ne peux m´empêcher de comprendre et de compatir avec ces mères courageuses à qui on a enlevé les enfants. Quand bien même certaines de ces personnes auraient commis des actes terroristes, on ne peut pas non plus cautionner que l´Etat ait agi en représaille comme il l´a fait, avec cette volonté génocidaire de faire disparaître les contestataires.

Arrivés à la fin de l´entretien, nous discutons librement sur le thème de la Colombie, où Mirta nous dit qu´elle milite également en faveur des victimes du conflit armé. Nous échangeons aussi quelques impressions sur la politique en France et elle nous confesse qu´elle n´apprécie pas Nicolas Sarkozy, trop narcissique et démagogue à son goût.

Après plus d´une demi heure passée avec elle, nous prenons quelques photos tous ensembles et échangeons amicalement nos coordonnées. Mirta viendra à Paris début Octobre. Nous espérons la voir de nouveau là-bas.





Nico, Mirta, Flo et Adri

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Région de San Martin, Pérou